LE TANNAGE
Le tannage du cuir est un ensemble d’opérations, dans lesquelles on emploie du tanin, qui par un procédé chimique transforme les peaux en cuir en les rendant durables, plus souples et imputrescibles. Cette opération se fait en majorité dans des tanneries.
Le tannage végétal
Les tanins sont des substances d’origines organiques issues des végétaux (sève, feuilles, écorce) et à divers taux de concentrations. A l'origine, ils ont une fonction naturelle de protection contre les parasites. Chaque tanin ayant des propriétés chimiques qui lui sont propres, cela produit des effets différents sur le cuir, ce qui explique que l'on ait recourt à certaines espèces végétales plutôt qu’à d’autres en fonction des résultats à obtenir.
Selon le résultat désiré en terme de souplesse, de couleur ou autre, on utilisera principalement pour le tannage végétal des extraits :
- d'écorces : chêne, mimosa, pin, épicéa, saule, bouleau ou palétuvier.
- de bois : châtaignier, québracho (arbre d’Amérique du Sud), chêne, etc...
- de racines : bruyères, canaigre, etc...
- de feuilles : sumac, gambier, etc...
- de fruits : cupules des glands de valonnés, myrobolan, rhubarbe, etc...
Le tannage végétal est un procédé lent et gourmand en eau.
En fin de processus il faut traiter les bains et le reste des boues pleines d’eau et de tanins, qui sont des substances naturelles parfaitement biodégradables.
Le tannage végétal est également moins nocif pour la santé. Celle de ceux qui le produisent, de ceux qui l’utilisent dans leurs fabrications mais aussi de celle des utilisateurs finaux. Une des grandes qualités de ce type de tannage est qu’il produit un cuir qui ne génère pas d’allergie, contrairement au tannage au chrome.
Ce cuir se patine avec le temps de manière naturelle et ainsi se bonifie comme un bon vin.
C'est pourquoi j'ai opté pour l'utilisation de cuirs issus de ce mode de tannage, qui s'accorde avec mes valeurs de respect du travail artisanal et de la nature.
Le tannage au chrome (sels de chrome)
Le tannage au chrome fait partie des tannages minéraux et s’emploie pour les cuirs à dessus de chaussures (tiges), la maroquinerie etc. On l’applique aux peaux de veaux, chevreaux ou gros cuirs.
Les cadences de production de l'industrie moderne ont rapidement imposé ce mode de tannage et aujourd'hui près de 85% des peaux tannées dans le monde le sont avec des sels chrome ou d'aluminium.
Un gain phénoménal pour les producteurs de cuir, et une catastrophe environnementale!!
En effet dans le cas du tannage au chrome, il reste des boues fortement concentrées en sels de chrome (qui est un métal lourd), nocives et dangereuses lorsqu'elle sont répandues dans l’environnement. Il faut donc les « neutraliser » chimiquement avec de l’oxyde de magnésium, de la chaux ou de la soude. Les restes ne peuvent pas être valorisé dans la filière agricole, et doivent être entreposés en décharges de classe I (déchets présentant un caractère dangereux).
Ce procédé, qui doit respecter certaine normes très strictes devient très coûteux en France.
Comme dans bien d'autres domaines les industries préfèrent délocaliser les opérations coûteuses et contraignantes sur le plan légal et font ainsi réaliser le tannage au chrome à l'étranger, souvent dans les pays en voie de développement, pour lesquels les normes écologiques sont moins strictes.
De plus, il n'existe encore à ce jour aucun contrôle de "traçabilité" concernant le cuir. Il peut très bien s'agir d'un animal élevé en Europe, tanné au Bangladesh puis servant à une production de chaussure ou maroquinerie italienne ou française...
Difficile donc de connaître l'origine des cuirs, à moins de s'adresser aux quelques tanneurs qui résistent encore et pratiquent le tannage végétal.